Mémoire sur l'Ostéopathie et les douleurs chez les violoncellistes.
Mémoire réalisé en 2009.
PREVALENCE DES DYSFONCTIONS
SOMATIQUES CHEZ LES VIOLONCELLISTES
Etudiant : Thibault Espérandieu.
Maître de Mémoire : Edouard-Olivier Renard D.O-M.R.O.F
Centre Européen d’Enseignement Supérieur de l’Ostéopathie
175 bd Anatole France 93200 Saint-Denis
REMERCIEMENTS
Un grand merci à mon maître de mémoire, M. Edouard-Olivier RENARD, D.O-M.R.O.F, pour sa patience et ses conseils.
Et toute ma reconnaissance à chacun de ceux que ce mémoire m’a permis de rencontrer.
Ainsi, je l’adresse aux professionnels de santé qui ont accepté de me recevoir, de me conseiller et de partager leur expérience : en particulier Mme Françoise CAMOZ, Mme Isabelle CAMPION et M. Philippe CHAMAGNE, M. Michel PRADIER et M. Jerry RODI.
Et je n’oublierai pas, bien évidemment, les musiciens qui m’ont accueilli, notamment ceux qui, enseignant le violoncelle et le pratiquant, connaissent si bien cet instrument et s’attachent aux parcours de leurs élèves : Mr Xavier GAGNEPAIN, M. Jérôme PERNOO.
De même ma gratitude va aux violoncellistes des prestigieux Ensembles qui ont bien voulu contribuer à mon travail : à l’Orchestre National de France, au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, au Conservatoire National de Région de Boulogne-Billancourt. Ce fut un privilège de les approcher.
Merci aussi aux étudiants du Centre Européen d’Enseignement Supérieur de l’Ostéopathie qui m’ont donné un peu de leur temps pour participer à mon travail.
Enfin, un mot tout particulier pour M. Jeremy GANEM qui a bien voulu assurer les tests qu’il s’agissait de pratiquer conformément au protocole décidé.
_____________
3
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS _________________________________________________ 1
INTRODUCTION ___________________________________________________ 5
1. PRESENTATION DES PATHOLOGIES DU VIOLONCELLISTE _________ 7
1.1 Quelle est la population concernée : _____________________________________ 7
1.1.1 Le dénombrement de cette population : _______________________________________ 7
1.1.2 Les différentes tranches d’âge, le type de pratique, les motifs de consultations : _______ 8
1.1.3 Des spécificités « masculin-féminin » ? : ____________________________________ 10
1.1.4 L’âge du « début » des troubles : __________________________________________ 11
1.1.5 Le nombre quotidien d’heures travaillées : ___________________________________ 11
1.1.6 L’impact de ces troubles sur la vie professionnelle : ____________________________ 12
1.1.7 L’accès au professionnel de santé et au diagnostic : ____________________________ 12
1.2 Une succession de diagnostics : ________________________________________ 14
1.2.1 En amont d’une consultation de kinésithérapie : _______________________________ 14
1.2.2 Après une consultation de kinésithérapie spécialisée : __________________________ 14
1.3 Les différents diagnostics évoqués en cabinet spécialisé et dans la littérature consultée : ____________________________________________________________ 15
1.3.1 Une pathologie musculo tendineuse : _______________________________________ 15
1.3.2 Une pathologie articulaire________________________________________________ 16
1.3.3 Des lésions des nerfs périphériques _________________________________________ 16
1.3.4 Une dystonie de fonction _________________________________________________ 16
1.4 La nécessité d’une approche préventive : _______________________________ 17
2. MATERIEL ET METHODE ________________________________________ 19
2.1 Stratégie de recherche bibliographique : _______________________________ 19
2.1.1. Moteurs de recherche ___________________________________________________ 19
2.1.2. Mots clés _____________________________________________________________ 19
2.1.3. Critères d’inclusion des articles ___________________________________________ 19
2.2. Matériel : _________________________________________________________ 19
2.2.1. Recrutement de la population source _______________________________________ 19
2.2.2. Recrutement de la population témoin _______________________________________ 20
2.2.3. Conduite des tests ______________________________________________________ 21
2.2.3.1. Les tests ont été réalisés sur 30 sujets, répartis en 2 groupes : _______________ 21
2.2.3.2. Les tests ont été réalisés dans trois lieux au choix : ________________________ 22
2.2.4. Critères d’éligibilité ____________________________________________________ 22
2.2.4.1. Critères d’inclusion ________________________________________________ 22
2.2.4.2. Critères de non-inclusion ____________________________________________ 23
2.2.4.3. Critères d’exclusion pendant le protocole _______________________________ 23
2.3 Critères de jugement et d’évaluation : __________________________________ 23
2.3.1. Outil d’évaluation ______________________________________________________ 23
2.4 Déroulement de l’expérience : ________________________________________ 24
2.4.1 Interrogatoire _________________________________________________________ 24
2.4.2 Analyse posturale type du violoncelliste assis, de face, de profil et de dos ___________ 25
2.4.3 Description des tests : ___________________________________________________ 28
2.4.3.1 Tests articulaires ___________________________________________________ 28
2.4.3.2 - Test viscéraux ____________________________________________________ 29
2.4.3.3 Tests crâniens______________________________________________________ 30
3. RESULTATS DE L’EXPERIENCE __________________________________ 31
4
4. DISCUSSION DES RESULTATS ___________________________________ 34
4.1 Discussion des résultats et des éléments cliniques : _______________________ 34
4.1.1 La position assise prolongée du violoncelliste ? _______________________________ 35
4.1.2 La position de la tête déjetée en avant ? _____________________________________ 35
4.1.3 Un diaphragme moins mobile ? ____________________________________________ 35
4.1.4 L’implication du rachis thoracique ? _______________________________________ 36
4.1.5 Une relation entre le diaphragme thoracique et le diaphragme pelvien perturbée ? ___ 36
4.1.6 La ceinture scapulaire et le membre supérieur gauche ? ________________________ 37
4.1.7 Le bras et l’avant-bras gauche, poignet et main ? _____________________________ 37
4.1.8 Faut-il privilégier telle ou telle zone dans la recherche d’un schéma de dysfonctions somatiques type des violoncellistes ? ____________________________________________ 38
4.2 Présentation des biais de l’étude : _____________________________________ 39
CONCLUSION _____________________________________________________ 41
ANNEXES ________________________________________________________ 43
Annexe I : BIBLIOGRAPHIE ___________________________________________ 44
1.1 Références d’articles _____________________________________________________ 44
1.2 Références de sites ______________________________________________________ 46
Annexe II : LETTRE DE CONSENTEMENT ______________________________ 47
Annexe III : FICHE INTERROGATOIRE DES VIOLONCELLISTES. ________ 49
Annexe IV: FICHIER SOAP: ___________________________________________ 51
Annexe V : FICHIER GRAPHPAD ______________________________________ 52
Annexe VI : TABLEAUX DE RESULTATS _______________________________ 54
VI.1 Cervicales _____________________________________________________________ 54
VI.2 Thoraciques T1-T4 ______________________________________________________ 55
VI.3 Pelvis/Iliaque __________________________________________________________ 56
VI.4 Diaphragme thoracique __________________________________________________ 57
VI.5 Membre supérieur gauche ________________________________________________ 58
INTRODUCTION
Un certain nombre d’articles s’intéressent aux pathologies des musiciens et proposent des clés de traitements1. On s’aperçoit que les pathologies décrites diffèrent suivant les instruments de musique pratiqués et qu’il est donc nécessaire d’avoir une approche différente pour chaque instrument.
De même, il est intéressant de noter que, dans cette littérature scientifique, l’ostéopathie semble ne pas être intégrée dans la prise en charge des violoncellistes.
Ainsi, le violoncelle. Ayant moi-même une pratique de cet instrument depuis l’enfance, et développant des contacts dans les différents milieux de violoncellistes, je me suis maintes fois rendu compte, par les propos échangés, à quel point les douleurs ressenties pouvaient être pénalisantes pour des musiciens fortement impliqués.
Aussi, étudiant en ostéopathie, l’objectif de ce mémoire de fin d’études est de répondre à la question suivante : est-il possible de définir des dysfonctions somatiques2 types dans la pratique du violoncelle ?
Pour ce faire, outre l’exploitation d’une bibliographie, il est fait appel à l’expérience de différents acteurs, tant du monde musical, que du monde de la santé. C’est à partir de la conduite d’entretiens, que l’on tente de mieux connaitre la population qui souffre de ces difficultés, les motifs de consultation évoqués, l’âge de survenue des troubles, les possibles spécificités « masculin-féminin ». Ces troubles ont-ils quelque chose à voir avec le régime de travail de ces musiciens et le nombre quotidien d’heures travaillées ? Comment se fait l’accès d’un violoncelliste au professionnel de santé, les diagnostics et traitements engagés ? De même quelles sont les mesures préventives préconisées, ou qui mériteraient de l’être ?
Dans un deuxième temps, notre démarche comporte une phase de tests intégrant une observation de la posture des violoncellistes. Les tests sont effectués auprès de deux populations : celle de violoncellistes d’un côté ; de non violoncellistes, de l’autre. Il s’agit de mettre en évidence les zones où se retrouvent plus souvent des dysfonctions somatiques chez le violoncelliste.
L’exploitation de ces tests nous fournira le matériel nécessaire pour ouvrir à discussion et émettre des hypothèses quant aux éléments retrouvés.
A travers l’ensemble de ce travail de fin d’études, nous nous attachons à faire émerger un point de vue ostéopathique, fondé sur la problématique de la santé et sur la prévention, plus que sur la maladie en elle-même.
Ainsi ce mémoire se veut constituer un apport sur le rôle que peut jouer l’ostéopathie au service des violoncellistes.
_______________
7
1. PRESENTATION DES PATHOLOGIES DU VIOLONCELLISTE
1.1 Quelle est la population concernée :
1.1.1 Le dénombrement de cette population :
La proportion des violoncellistes présentant des pathologies liées à leur pratique semble être importante.
Un indice en ce sens est l’accueil dont ma proposition de mémoire a bénéficié de la part des violoncellistes des différents orchestres contactés : leurs musiciens se sont sentis largement concernés, et ont été pour la plupart volontaires –malgré de nombreuses contraintes d’emploi du temps- pour participer à ce travail.
Il est corroboré par ce que nous disent les professionnels de santé rencontrés3, dans le cadre d’entretiens réalisés : interviews et questionnaires ouverts.
On peut lire dans le même sens le partenariat qui a été mis en place par le Conservatoire national et un cabinet de kinésithérapie4 … voilà qui traduit bien une préoccupation de la profession quant à l’état de santé des jeunes engagés dans des formations musicales de haut niveau …
3 Interviews de M. Philippe CHAMAGNE et de Mme Isabelle CAMPION, Kinésithérapeutes spécialisés dans la prise en charge du musicien.
Malgré tout, il est difficile de dénombrer avec précision les violoncellistes qui souffrent de pathologies spécifiques : si la plupart des violoncellistes rencontrés – et lorsqu’ ils se sentent protégés par l’anonymat-, se disent en être victimes, certains ne les attribuent pas à leur pratique, arguant du fait qu’elles ne sont pas présentes pendant qu’ils jouent de leur instrument.
1.1.2 Les différentes tranches d’âge, le type de pratique, les motifs de consultations :
Le présent mémoire s’intéresse à différentes catégories d’âge, comme autant d’étapes dans la vie d’un musicien : les adolescents (avant 18 ans) ; les adultes jeunes (entre 18 et 25 ans), les adultes (entre 25 et 40 ans ; après 40 ans), sans toutefois avoir pu approfondir de la même façon l’approche de chacune.
Ainsi :
Les adolescents5 (avant 18 ans) :
Ce sont des musiciens amateurs, de haut niveau. Ils sont aussi, pour la plupart, des étudiants qui se préparent à être professionnels.
Les plaintes décrites correspondent essentiellement à des douleurs articulaires, musculaires et tendineuses liées au surmenage (travail et stress). Dans la majorité des cas, ces douleurs sont ponctuelles et dépendent de caractéristiques physiques innées. Il est à noter que, dans certains cas, l’origine du stress est décrite comme la pression exercée par le professeur du violoncelliste6 et par le contexte général de la profession qu’ils veulent aborder (son exigence, la pression des concours et la peur de dévalorisation vécue par l’élève).
Les adultes jeunes (18-25 ans) :
Ceux qui ont été rencontrés dans le cadre de ce mémoire sont majoritairement des préprofessionnels, notamment étudiants au Conservatoire National Supérieur de Musique.
Le principal motif de consultation qu’ils mettent en avant correspond, comme pour les plus jeunes, à la douleur. Elle intéresse le membre supérieur. Elle est décrite comme rarement gênante pendant la pratique du violoncelle. Voilà qui fait dire à certains qu’elle n’est pas liée à la pratique de leur instrument. Son intensité varie d’une personne à l’autre. Elle semble bien multifactorielle.
D’autres plaintes correspondent à des douleurs plus profondes et sont particulièrement liées à des problèmes posturaux, ainsi qu’à une mauvaise utilisation de la gestuelle. Ce sont alors des douleurs qui surviennent majoritairement après le travail instrumental.
Plus généralement, dans la majorité des cas rencontrés, les musiciens n’arrivent pas à déterminer l’origine de leurs douleurs.
Les adultes (à partir de 25 ans) :
Entre 25 et 35 ans, les musiciens, entrés dans une vie professionnelle exigeante, font le plus souvent silence sur leur plainte : ils sont au début de leur carrière et lui donnent évidemment la priorité. C’est le témoignage et des musiciens rencontrés et des professionnels de santé qui ne les voient que peu.
En revanche, après 35-40 ans, les choses changent et la plainte réapparait. Elle émane tant de solistes, que de professionnels d’orchestre :
10
- Pour les solistes, le facteur stress est signalé comme très important, alors même qu’ils doivent assurer leurs concerts malgré la douleur ressentie.
Ces musiciens voyagent beaucoup, et ils avouent que leur hygiène de vie n’est pas parfaite. Ils apparaissent fortement sujets à des dystonies de fonction7, probablement liée à leur obligation de jouer, qui entraine parfois la mise en place de mécanismes de compensation (ces mécanismes pourraient être à l’origine des dystonies de fonction repérées). Les professionnels de santé, interrogés, confirment cette part importante de dystonie de fonction. Ils la situent majoritairement chez les hommes.
- Pour les violoncellistes d’orchestre, dont l’investissement musical est moins important, puisqu’ils partagent leur pupitre avec d’autres violoncellistes, les pathologies les plus fréquentes signalées sont les syndromes de surmenage8.
Le plus souvent chroniques, les pathologies dont il est rendu compte sont décrites comme apparaissant selon un ordre de progression qui, si elles ne sont pas traitées, s’étendent : d’abord ce sont des troubles musculo-squelettiques ; puis apparait un syndrome de surmenage (+++) ; enfin, des dystonies de fonction.
1.1.3 Des spécificités « masculin-féminin » ? :
Nous l’avons d’ores et déjà mentionné, les hommes sont plus souvent sujets à des dystonies de fonction, tentant de dépasser les problèmes de positionnement, les mouvements difficiles, voire les douleurs, en faisant appel à leur musculature.
Les femmes, qui utilisent moins leur force musculaire, sont souvent également sujettes à une hyperlaxité ligamentaire. Les possibilités de compensation sont alors moins grandes, et les violoncellistes de sexe féminin sont plus fréquemment vulnérables aux syndromes de surmenage. A l’origine d’une douleur ressentie, donc d’une alerte, ils peuvent entrainer un arrêt plus précoce de l’activité.
1.1.4 L’âge du « début » des troubles :
L’âge de survenue des premiers troubles se situe entre18 et 22 ans.
On note à cet égard que la population concernée a commencé sa pratique instrumentale tôt dans l’enfance : les musiciens qui consultent, comme ceux qui ont été interviewés, ont dans l’ensemble débuté la musique vers l‘âge de 6-7ans.
Cet âge de début des troubles pourrait s’expliquer par l’intensification d’un travail répétitif, avec mise en jeu d’un travail en force. Cette étape de travail peut générer un stress, qui se développe chez certains, et participer à la constitution d’un syndrome de surmenage.
Voilà une étape ou risquent de se cumuler stress, répétitivité, mauvaise gestuelle !
La plupart du temps, ce sont des douleurs qui apparaissent le soir après une journée de travail, mais qui disparaissent quasiment au cours de l’activité musicale. Et comme le violoncelliste n’a pas mal en jouant, il continue à jouer, ce qui aggrave progressivement la pathologie. Ainsi, les premières douleurs sont souvent ignorées et la consultation est retardée par rapport à la survenue des troubles. Ce déni amène progressivement à la constitution de pathologies de plus en plus gênantes, voire graves, pour la carrière du violoncelliste.
1.1.5 Le nombre quotidien d’heures travaillées :
Les violoncellistes contactés travaillent de 4h à 8h par jour, dans le but d’interpréter leur partition de la manière la plus juste possible et d’en maîtriser les passages les plus difficiles.
Il s’agit ici de la seule évaluation du temps de travail personnel, qui ne comprend ni les répétitions, ni les concerts.
Une telle amplitude horaire nécessite un équilibre agoniste-antagoniste, pour obtenir une dextérité et une souplesse susceptibles d’utiliser le moins d’énergie possible.
Ainsi, il n’existe pas de réel lien entre le nombre d’heure de pratique et l’apparition de douleur mais plutôt entre la gestuelle, la position, le stress et la douleur.
1.1.6 L’impact de ces troubles sur la vie professionnelle :
On s’interroge sur les interruptions, congés de maladie, accidents de carrière dont on a quelques témoignages (souvent indirects). Toutefois, et c’est aisément compréhensible, c’est un sujet personnel, difficile à aborder.
1.1.7 L’accès au professionnel de santé et au diagnostic :
Le recours à la kinésithérapie fonctionne dans le cadre du bouche à oreille. Mais on doit aussi mentionner un « partenariat » entre le Conservatoire National Supérieur de Musique et un cabinet de kinésithérapie9. Voilà qui confirme le besoin ressenti par les organismes de formation d’accompagner les jeunes en formation –comme leurs enseignants- à cet égard.
Les musiciens s’expriment ainsi auprès de ces professionnels de santé contactés : « j’ai une douleur suite à la pratique du violoncelle et on m’a parlé de vous alors… »10.
A noter aussi que certains musiciens font appel à des ostéopathes, mais ils ne sont pas majoritaires –connaissant encore peu l’apport potentiel de l’ostéopathie- et c’est souvent pour un autre motif que la douleur liée à leur pratique, qu’ils décident de se tourner vers l’ostéopathie. Sur la base des rencontres faites à l’occasion de ce mémoire, je peux pourtant témoigner qu’une nette demande émerge à ce titre.
1.2 Une succession de diagnostics :
1.2.1 En amont d’une consultation de kinésithérapie :
Lorsque les violoncellistes se présentent en consultation de kinésithérapie, ils arrivent très souvent avec un diagnostic déjà formulé. Il est établi par eux-mêmes ou par leur médecin traitant. Dans la moitié des cas, ce diagnostic mentionne une tendinite, au regard de laquelle les traitements prescrits auront été des antalgiques, des anti-inflammatoires (type AINS), ainsi que des myorelaxants. Les patients les décrivent, déçus de leur peu de résultat…
De fait, c’est le constat des kinésithérapeutes interviewés, dans la plupart des cas, le diagnostic initial est remis en cause après la consultation : il ne résiste pas à un examen complet et précis.
1.2.2 Après une consultation de kinésithérapie spécialisée :
Les diagnostics sont posés par les kinésithérapeutes, sur la base d’un interrogatoire poussé et de bilans « hors instrument » puis « avec instrument ».
Parallèlement, les kinésithérapeutes demandent au violoncelliste de donner 1, 2 ou 3 mots afin de qualifier la douleur (gène, peur, angoisse).
Ils tiennent compte du fait que le stress joue un rôle très important dans la pathologie du violoncelliste, présent autant dans les syndromes de surmenage, qu’à l’origine des dystonies de fonction.
1.3 Les différents diagnostics évoqués en cabinet spécialisé et dans la littérature consultée :
1.3.1 Une pathologie musculo tendineuse :
C’est la pathologie la plus souvent rencontrée chez les musiciens. Elle prédomine nettement chez les femmes.
On évoquera d’abord le « Syndrome de surmenage » : la qualité du mouvement, le facteur stress et à un moindre degré la durée de répétition entrent en compte : la répétition des contractions musculaires, même prolongée, est bien supportée si elle se fait dans de bonnes conditions physiologiques ; à l’inverse, cette répétition devient rapidement douloureuse s’il existe des attitudes vicieuses, des antécédents pathologiques touchant l’appareil musculo-squelettique ou un défaut de stabilité articulaire. Ainsi, un « syndrome de surmenage » peut apparaître même lorsque le violoncelliste ne pratique que 4h par jour.
Ce syndrome se manifeste essentiellement par des douleurs, dont le siège peut différer. Elles sont parfois associées à une diminution de la force, une diminution de la dextérité. De même, la fatigue se développant, peuvent venir s’ajouter des troubles de la coordination des mouvements des doigts. Aucun trouble de la sensibilité ni aucune modification des réflexes ne sont retrouvés. En revanche, on constate souvent que ce syndrome est lié à des troubles de la posture, ou une hyperlaxité ligamentaire.
Le repos est alors la clé du traitement ; on doit y ajouter une analyse du mouvement, conduite avec le violoncelliste, permettant d’améliorer gestes et postures.
Des Tendinites et des ténosynovites sont également à signaler. Mais selon la littérature11, elles ne sont pas beaucoup plus fréquentes que dans la population générale.
1.3.2 Une pathologie articulaire
Une laxité ligamentaire (faisant suite à un traumatisme, ou à une laxité constitutionnelle) est souvent constatée chez les violoncellistes qui viennent consulter. Elle ne constitue pas un avantage, car les violoncellistes sont alors obligés de fournir un effort musculaire supplémentaire pour stabiliser leurs articulations. Plus encore, elle peut engendrer un syndrome de surmenage.
1.3.3 Des lésions des nerfs périphériques
Chez les violoncellistes, les compressions ou étirement nerveux peuvent provenir de causes diverses. Mais ils sont essentiellement liés à des sursollicitations musculaires ou à des maintiens prolongés de position12 . Il s’agit alors de syndromes canalaires13 entrainant une irritation du nerf soit par compression, lors de la traversée de certains muscles (exemple de l’atteinte du nerf médian par compression lors de son passage dans le muscle Pronateur), soit par étirement (par maintien d’une position prolongée).
1.3.4 Une dystonie de fonction
Elle est caractérisée par l’apparition de contractions musculaires et de mouvements involontaires.
Ils n’apparaissent qu’à l’occasion d’un acte particulier bien déterminé : fréquemment lorsqu’il s’agit d’interpréter un passage difficile exigeant une grande vélocité. Un ou plusieurs doigts, souvent l’annulaire ou l’auriculaire, restent fléchis, ou se redressent involontairement.
Cette dystonie de fonction témoigne d'une mauvaise coordination entre les contractions toniques, qui maintiennent le membre, et les contractions musculaires qui vont permettre le jeu. Il s'agit donc d'un trouble de la fonction, avec absence de lésion anatomique.
La dystonie de fonction s’installe progressivement. Chez certains patients, ce sont les spasmes qui prédominent ; chez d’autres, des mouvements involontaires apparaissent, parfois accompagnés de tremblements. Les troubles moteurs sont déclenchés par la même séquence au cours de la partition. Ils disparaissent habituellement lorsque le sujet ne joue pas de son instrument. Les efforts conscients que fait le musicien pour contrôler ses doigts ne font qu’augmenter les troubles.
1.4 La nécessité d’une approche préventive :
Les professionnels de santé rencontrés, de même les auteurs des ouvrages spécialisés consultés14, mettent l’accent sur la sensibilisation à la prévention qu’il faut mener auprès des musiciens.
Les mesures préventives sur lesquelles ils insistent impliquent la prise en compte des causes des troubles : la mauvaise gestuelle, l’hygiène de vie à restaurer, le stress.
Elles doivent être préconisées, individualisées, pour chaque pathologie. Au delà des musiciens eux-mêmes, elles doivent aussi s’adresser aux familles (pour les plus jeunes) comme aux formateurs en charge de leurs années d’apprentissage15.
2. MATERIEL ET METHODE
2.1 Stratégie de recherche bibliographique :
Pour la revue de littérature, différents moteurs de recherche ont été utilisés, ainsi que plusieurs mots clés.
2.1.1. Moteurs de recherche
Les moteurs de recherche utilisés sont : PUBMED, BIUM, SUDOC, GOOGLE.
2.1.2. Mots clés
Mots clés en français : pathologies du cou et du membre supérieur, pathologie chez les musiciens.
Mots clés en anglais: osteopathic and music, osteopathic and musician, focal dystonia and musician, musician health and safety, hand therapy for the musician, musicians injury.
2.1.3. Critères d’inclusion des articles
Les articles, et les thèses traitant des pathologies du musicien ont été gardés. Ceux décrivant la prise en charge de ces pathologies ont aussi été retenus.
2.2. Matériel :
2.2.1. Recrutement de la population source
Les violoncellistes présentant des douleurs entrainant une gêne lors de leur pratique instrumentale sont amenés à consulter divers professionnels de santé. Ils suivent généralement en cela le conseil de leurs médecins.
Dans le cadre de cette étude, ce sont ces professionnels de santé qui ont été recherchés et interrogés16.
Les contacts ont été établis, dans un premier temps, par téléphone pour présenter le projet de mémoire. Puis ces différents professionnels, confirmant leur intérêt pour une étude qui leur apparaissait concerner leur pratique quotidienne, ont accepté d’être rencontrés (lorsque cela était possible), voire de poursuivre le contact par téléphone, et de témoigner de leur expérience.
Ils m’ont aussi ouvert la porte de différents ensembles et orchestres auprès desquels il a été possible de recruter des violoncellistes acceptant de participer à cette étude, notamment en passant par leurs responsables pédagogiques17. Ainsi les violoncellistes ont été notamment recrutés à l’Orchestre National de France, de même au Conservatoire National Supérieur de Musique (CNSM) de Paris, comme au Conservatoire national de Région (CNR) de Boulogne-Billancourt (élèves et professeurs).
Enfin, des ostéopathes18 qui reçoivent régulièrement en consultation des musiciens ont également accepté de s’impliquer dans l’étude.
2.2.2. Recrutement de la population témoin
La population témoin est constituée d’étudiants en ostéopathie. Elle a été choisie pour des soucis de disponibilité. Ainsi, les premiers recrutements ont été effectués grâce au CENTRE DE REEDUCATION DU MUSICIEN, cabinet de Kinésithérapie où interviennent M. Philippe CHAMAGNE et Mme Isabelle CAMPION Kinésithérapeutes spécialisés dans la prise en charge du musicien, et kinésithérapeutes à l’Association « Médecine des Arts ». Interviewés, leurs apports permettent de préciser les pathologies du violoncelliste et leurs traitements.
2.2.3. Conduite des tests
2.2.3.1. Les tests ont été réalisés sur 30 sujets, répartis en 2 groupes :
- Population de violoncellistes : elle comprend 15 sujets, recrutés parmi les violoncellistes des ensembles ou établissements cités.
- Population de non violoncellistes : elle comprend 15 étudiants du Centre Européen de l’Enseignement Supérieur de l’Ostéopathie (CEESO).
Au sein de la population des violoncellistes, l’échantillon se compose de :
- 9 jeunes adultes (18-25 ans), dont 2 femmes et 7 hommes.
- 6 adultes (au-delà de 25 ans), dont 2 femmes et 4 hommes.
Âge Minimum18 ans ; Âge Maximum 45 ans.
Âge moyen de cette population : 26 ans. La médiane est de 24 ans
Au sein de la population des non violoncellistes, l’échantillon se compose de :
- 8 jeunes adultes (18-25 ans), dont 4 femmes et 3 hommes.
- 7 adultes (au-delà de 25 ans), dont 2 femmes et 6 hommes.
Âge Minimum 17 ans ; Âge Maximum 26 ans.
Âge moyen de cette population : 21 ans. La médiane est de 20 ans
2.2.3.2. Les tests ont été réalisés dans trois lieux au choix :
- suivant la commodité de chacun : la Maison de la Radio, le CNSM, le CNR, le Centre Européen d’Enseignement Supérieur de l'Ostéopathie (CEESO).
2.2.4. Critères d’éligibilité
2.2.4.1. Critères d’inclusion
- Tous les violoncellistes, sans tenir compte de l’âge, du sexe, du nombre d’années de pratique, de l’intensité de la pratique, de la présence ou non d’une douleur.
- Une population témoin, composé de personnes ne jouant pas de violoncelle.
Médianes des âges
2.2.4.2. Critères de non-inclusion
Les sujets :
- ayant reçu un traitement ostéopathique au cours du dernier mois n’ont pas été retenus pour cette étude.
2.2.4.3. Critères d’exclusion pendant le protocole
Un violoncelliste a été exclu de l’étude puisqu’il a évoqué une consultation en ostéopathie dans la semaine précédant les tests.
2.3 Critères de jugement et d’évaluation :
2.3.1. Outil d’évaluation
- C’est le même praticien qui a réalisé l’ensemble des tests, afin de ne pas les biaiser: en ostéopathie, les tests sont opérateurs dépendants, et les résultats peuvent varier en fonction de la sensibilité propre de chaque praticien.
De même, le praticien n’étant pas à l’origine de l’étude, la problématique du « Résultat » qui peut, dans certains cas, apparaître ne constitue pas ici de biais statistique.
- Le protocole de test, en plusieurs prises, s’est fait en simple aveugle. Le praticien ne savait pas s’il testait des patients faisant partie de la population source ou de la population témoin19.
L’outil d’évaluation est le ressenti du praticien.
Sur chaque région, on recherche les éléments permettant de définir une dysfonction somatique : sensibilité, asymétrie, restriction de mobilité, modification de la texture tissulaire.
Le choix des régions testées, ainsi que le recueil des données ont fait été fait en conformité avec un modèle proposé par «Academy of Osteopathy »20 .
Les dysfonctions somatiques ont été répertoriées en fonction de leur degré de sévérité allant de 0 à 321. Un traitement a permis, par la suite de définir si la région était en dysfonction, en ne gardant que les dysfonctions modérées et majeures.
2.4 Déroulement de l’expérience :
2.4.1 Interrogatoire
Il a été réalisé par nous-mêmes, afin que l’opérateur ne soit pas influencé.
Il donne des éléments sur le sexe ; la personne interrogée est-elle droitière, gauchère ? A-t-elle un motif de consultation ?
Si oui : Où se situe la douleur (localisation, irradiations) ? Quand intervient-elle (depuis quand, à quel moment de la journée) ? Quelle est son évolution (depuis l’apparition de la douleur, évolution dans une journée). Quelles sont les circonstances d’apparition (facteur déclenchant, facteur diminuant la douleur, facteur aggravant la douleur). Le type de la douleur et son intensité sont questionnés.
20 le fichier SOAP (Outpatient Osteopathic SOAP Note Exam Form ).
21 0 : pas de dysfonction ; 1 : dysfonction mineure ; 2 : dysfonction modérée ; 3 : dysfonction majeure.
22 Lors de l’analyse des données, et pour simplifier celle-ci, on a regroupé les dysfonctions 0 et 1 dans le groupe 0 soit : Pas de dysfonction. Les dysfonctions 2 et 3 ont été, elles, regroupées dans le groupe 1 soit : Présence de dysfonction.
2.4.2 Analyse posturale type du violoncelliste assis, de face, de profil et de dos
Nous recherchons d’abord les éléments communs aux violoncellistes (position assise, bras droit tenant l’archet, bras gauche tenant le manche.) Observation d’une posture assise avec le violoncelle.
Nous nous intéressons ensuite aux éléments qui peuvent différer, intégrant les éléments de réponses à l’entretien succinct. Il s’agit de repérer les positions du violoncelliste pendant sa pratique instrumentale : l’objectif est, en effet, notamment, de vérifier si la survenue des troubles musculo-squelettiques n’est pas, le plus souvent, favorisée par des postures défectueuses ou des erreurs techniques («misuse») du violoncelliste.
Mais cette analyse présente évidemment des difficultés : comment définir la posture « type » du violoncelliste ? Elle est difficile à décrire, tant celle-ci se révèle personnelle et différente selon plusieurs points.
Concernant l’instrument : deux éléments peuvent rentrer en compte :
- La caisse de résonance, sa plus ou moins grande largeur entraine un contact différent au niveau des cuisses, et donc une stabilité différente.
- L’orientation de la pique et sa longueur, qui influencent la stabilité, modifiant les appuis au niveau des cuisses et du sternum.
Quant aux éléments qui peuvent varier en fonction de chaque musicien, de ses caractéristiques physiques et de ses habitudes, on observe :
- La corpulence du musicien : elle a un effet au niveau des appuis avec le violoncelle.
- La largeur du cou, qui modifie la distance entre le cou du musicien et les chevilles du violoncelle23, ce qui a une influence sur la position.
- L’importance de l’assise : elle varie selon les violoncellistes, qui s’installent soit sur le bord de la chaise, soit dans le fond de la chaise.
- Dans cette dernière position, le violoncelliste possède un meilleur équilibre, mais il dispose d’une moindre force et donc d’une possibilité de mobilité plus faible au niveau du bassin (cette mobilité est indispensable à la pratique instrumentale et à l’équilibre de l’ensemble des tensions du corps). Le problème d’équilibre va, très souvent, être compensé au niveau des membres inférieurs et notamment de la jambe droite, qui devrait être une jambe libre afin de participer au mouvement du bassin. Cette compensation risque elle-même de freiner la mobilité.
- Les différences de coordination motrice entrainent des adaptations de posture variables lorsqu’il s’agit de réaliser des gestes techniques.
- On remarque aussi les différences morphologiques et physiologiques de la main (sa taille, sa laxité).
En revanche, certains éléments semblent ne pas varier. Ainsi :
- la rotation du tronc vers la gauche, nécessaire pour jouer sur la corde de « la » (corde située la plus loin de la main de l’archet). Cette rotation permet d’atteindre cette corde sans entrainer une antépulsion - abduction trop importante de l’épaule droite.
- une tension au niveau des splénius et des trapèzes supérieurs qui travaillent en contraction permanente.
- une rotation interne-élévation de l’épaule gauche pour orienter la main au contact de la corde.
- une antépulsion de l’épaule gauche.
- une translation antérieure de la tête.
- une pronation de l’avant-bras gauche.
- une inclinaison radiale du poignet gauche.
Les erreurs de techniques rencontrées par les professeurs de violoncelle24 sont diverses. Elles peuvent être à l’origine de tensions et donc de plaintes :
- une tension permanente des muscles de la ceinture scapulaire. Or si le corps est capable d’accepter des alternances de tensions-détentes à l’infini, il ne peut toutefois pas rester en contraction permanente sans se fatiguer. C’est un des éléments à l’origine du syndrome de surmenage.
- l’épaule gauche fixée en rotation interne-élévation, avec une translation antérieure de la tête : voilà qui entraîne une fixation de la ceinture scapulaire et du bras gauche. La seule mobilité qui reste dépend alors du poignet et des doigts, qui vont devoir compenser la perte de mobilité par une exagération de mobilité et de tensions.
Lorsque le travail est trop intense, ceci participe également à l’apparition d’un syndrome de surmenage.
- la mobilité se faisant principalement au niveau du poignet, des mouvements répétés en extension de l’index vont entrainer une sur-sollicitation des structures musculaires (Extenseur du 2ème doigt et Extenseur commun des doigts).
- Du fait de la perte de mobilité au niveau de la ceinture scapulaire gauche (épaule en rotation interne-élévation), les mouvements de prono-supination de l’avant-bras vont être majorés. Au niveau de l’avant-bras gauche, la pronation prolongée, avec manque d’appui sur le manche du violoncelle, des 4ème et 5ème doigts, entraine un déséquilibre du rapport entre muscles épitrochléens et muscles épicondyliens. Ces derniers, lorsqu’il y a une telle sur-sollicitation, se fatiguent plus vite.
2.4.3 Description des tests :
2.4.3.1 Tests articulaires
Chaque articulation est testée (tests passifs), de manière bilatérale, dans l’amplitude de son mouvement physiologique. Les tests effectués sont réalisés à l’identique sur chaque patient.
Douze régions anatomiques25 sont ainsi testées :
rachis cervical ;
rachis thoraciques T1-T4 ;
rachis thoraciques T5-T9 ;
rachis thoraciques T10-T12 ;
côtes ;
rachis lombaires ;
sacrum/pelvis ;
pelvis/iliaque ;
membre supérieur droit :
- complexe de l’épaule ;
- complexe du coude ;
- complexe du poignet ;
- complexe de la main et des doigts.
membre supérieur gauche :
- complexe de l’épaule ;
- complexe du coude ;
- complexe du poignet ;
- complexe de la main et des doigts.
membre inférieur droit : complexe de la hanche
- complexe de l’articulation Sacro-iliaque, pubis, et sacro-coccygienne ;
- complexe du genou ;
- complexe de la cheville ;
- complexe du pied et des orteils.
membre inférieur gauche : complexe de la hanche.
- complexe de l’articulation Sacro-iliaque, pubis, et sacro-coccygienne ;
- complexe du genou ;
- complexe de la cheville ;
- complexe du pied et des orteils.
2.4.3.2 - Test viscéraux
Nous avons choisit de pratiquer des tests viscéraux pour tenir compte de l’influence de la sphère viscérale sur la mécanique respiratoire et sur la mobilité des rachis ainsi que du bassin, de part les relations aussi bien mécaniques que musculo-ligamentaires et fasciales.
Nous avons procédé d’abord à une palpation globale de l’abdomen, afin de déterminer un cadran en dysfonction. Puis, des tests spécifiques ont été effectués dans les cadrans retrouvés en dysfonction.
estomac ;
duodénum ;
jéjunum et iléum ;
côlon ;
pancréas ;
rate ;
reins ;
foie ;
vésicule biliaire ;
thorax ;
petit bassin ;
diaphragme.
2.4.3.3 Tests crâniens
- La symphyse sphéno-basilaire –SSB- :
Il s’agit d’observer les répercussions que la posture du violoncelliste peut engendrer sur la sphère crânienne, ainsi que l’influence de cette dernière sur l’ensemble des dysfonctions retrouvées au niveau du reste du corps.
Si de nombreux facteurs influençant cette région ne sont pas pris en compte dans ce travail, le test effectué permet toutefois d’avoir une vision globale du fonctionnement du crâne.
Le praticien place ses mains selon la prise par la voûte. Il teste la symphyse sphéno-basilaire successivement en flexion, extension, torsion droite-gauche, flexion latérale rotation droite-gauche, strain vertical-horizontal et en compression.
L’apparition d’une résistance dans une direction est un argument en faveur d’une dysfonction.
______________
3. RESULTATS DE L’EXPERIENCE
Présentation des résultats
Les dysfonctions ont d’abord été reportées, par zone. Puis, les données ont été transférées dans le fichier GraphPad Prism28, afin de calculer le « p » grâce au test du Chi-2, puisqu’il s’agit de variables qualitatives. Du fait de la taille modeste de l’échantillon, c’est le test de Fisher29 qui a été utilisé. Il nous a permis de calculer le « p » de manière plus exacte, ce « p » devant être inférieur à 0,05 pour que le résultat soit statistiquement significatif. Une fois les populations regroupées, et les « p » établis, les pourcentages des dysfonctions ont été calculés, et répertoriés dans le but de voir s’il y avait des différences cliniques entre les deux populations considérées – violoncellistes et non violoncellistes.
Deux hypothèses sont posées :
- l’hypothèse nulle, ou H0, lorsqu’il est mis en évidence qu’il n’y a aucune différence entre les deux groupes.
28 www.graphpad.com/
29 Le Test de Fisher, ou test d'égalité de deux variances, est un test d'hypothèse statistique qui permet de tester l'égalité de deux variances en faisant le rapport des deux variances et en vérifiant que ce rapport ne dépasse pas une certaine valeur théorique que l'on cherche dans la table de Fisher.F = S²a / S²b. Remarque : on place au numérateur la plus grande des deux variances. Si F est plus grand que la valeur théorique, on rejette l'hypothèse d'égalité des deux variances.
- l’hypothèse alternative, ou H1, qui permet de mesurer s’il y a une différence entre les deux groupes.
A travers ces hypothèses, l’objectif est de faire apparaitre si les violoncellistes présentent, de manière significative, des dysfonctions ostéopathiques types.
Région anatomique testée
Prévalence de DS, en nombre (et en %)
Valeur de p
Effectif
Violoncellistes
Non violoncellistes
Crâne-Face
9(60)
10(67)
p=1,0000
758
Cervicales supérieures
10(67)
7(47)
p=0,4621
95
Cervicales inférieures
11(73)
6(40)
p=0,1394
38
Thoraciques T1-T4
11(73)
6(40)
p=0,1394
38
Thoraciques T5-T9
11(73)
8(53)
p=0,4497
95
Thoraciques T10-T12
5(33)
6(40)
p=1,0000
758
Côtes
9(60)
10(67)
p=1,0000
758
Rachis Lombaire
9(60)
8(53)
p=1,0000
758
Sacrum/Pelvis
8(53)
6(40)
p=0,7152
198
Pelvis/Iliaque
11(73)
6(40)
p=0,1394
38
Abdomen
12(80)
9(60)
83
Diaphragme thoracique
11(73)
6(40)
p=0,1394
38
Membre supérieur droit
7
7
p=1,0000
Membre supérieur gauche
12(80)
6(40)
p=0;0604
19
Membre inférieur droit
10(67)
9(60
p=1,0000
758
6(40)
7(47)
p=1,0000
33
Membre inférieur gauche
758
En annexe, nous faisons apparaitre une présentation détaillée des résultats30, avec :
- Les calculs qui permettent d’appréhender si, dans une zone donnée, il y a, d’une façon significative d’un point de vue statistique, davantage de dysfonctions somatiques chez les violoncellistes ;
- le surnombre de ces dysfonctions somatiques constatées cliniquement dans la population des violoncellistes (surnombre dont nos tableaux rendent compte), malgré l’impossibilité de le démontrer d’une façon statistiquement correcte ;
- le nombre de sujets qu’il aurait fallu tester pour confirmer cette hypothèse de sur-représentation des violoncellistes dans la population rencontrant ces dysfonctions somatiques.
_____________
30 Cf tableaux placés en annexe VI
34
4. DISCUSSION DES RESULTATS
4.1 Discussion des résultats et des éléments cliniques :
Les tests pratiqués permettent de mettre en évidence, d’un point de vue
clinique, les zones où la prévalence de dysfonctions somatiques 31est plus
importante chez les violoncellistes que chez les non violoncellistes :
Régions cliniquement intéressantes
0 5 10 15
Membre supérieur gauche
Rachis cervical inférieur
Thoraciques T1-T4
Diaphragme
Ceinture pelvienne Violoncellistes
Non violoncellistes
Ainsi, il importe de nous interroger sur les éléments cliniques qui
apparaissent dans les principales zones repérées, en intégrant ce que l’on
sait de la posture des violoncellistes ainsi que des principaux mouvements
qu’ils sont amenés à faire.
31 Rappel des nombres de dysfonctions somatiques dans les 2 populations testées :
Violoncellistes
Non
violoncellistes Fisher Test
Ceinture pelvienne 11 6 p=0,1394
Diaphragme thoracique 11 6 p=0,1394
Rachis thoracique supérieur
(T1-T4) 11 6 p=0,1394
Rachis cervical inférieur 11 6 p=0,1394
Membre supérieur gauche 12 6 p=0,0604
35
4.1.1 La position assise prolongée du violoncelliste ?
Lorsque la tête est dans l’alignement du rachis, le bassin reste en équilibre et les courbures vertébrales sont respectées. En revanche, quand le violoncelliste se penche en avant, la tête se situe à l’avant du centre de gravité, entrainant une hyperlordose cervicale compensatrice, une augmentation de la courbure dorsale et une sollicitation de la colonne lombaire et du bassin, avec perte de la lordose lombaire.32
C’est cette position qui a été majoritairement observée lors de cette étude.
4.1.2 La position de la tête déjetée en avant ?
La position de la tête va favoriser une hyperlordose cervicale. Elle peut être à l’origine de compression au niveau des trous de conjugaisons des vertèbres cervicales et notamment au niveau du rachis cervical inférieur. Elle va également être la source de tractions des structures musculo-ligamentaires et fasciales antérieures, ainsi que d’une perte de mobilité de la charnière cervico-thoracique. Ceci pourrait expliquer la prévalence de dysfonctions plus importantes chez les violoncellistes (73% contre 40% dans le groupe témoin). Voilà également, par l’intermédiaire du rachis cervical, ce qui peut agir sur le membre supérieur, dont nous parlerons plus tard.
4.1.3 Un diaphragme moins mobile ?
La perte de la lordose lombaire entraine un affaissement du diaphragme, ce qui limite ses mouvements.
Au niveau du rachis cervical inférieur, alors que le nerf phrénique a pour origine C3-C4-C5 et innerve le diaphragme, une dysfonction somatique à ce niveau pourrait être à l’origine d’une boucle réflexe au niveau métamérique, entraînant une diminution de mobilité du diaphragme.
32 TUBIANA.R. Pathologie professionnelle des musiciens.2002. Ed ELSEVIER
36
De même, les ligaments transverso- et vertébro-pleural s’insèrent au niveau de C7, impliquant une relation entre rachis cervical et viscères thoraciques (poumon et/ou plèvre), et, par conséquent, entre rachis cervical et diaphragme thoracique.
4.1.4 L’implication du rachis thoracique ?
Des dysfonctions somatiques à l’étage du rachis cervical inférieur peuvent également entraîner, d’un point de vue mécanique, des répercussions au niveau du rachis thoracique, avec pour conséquence une diminution de mobilité de celui-ci (73% de dysfonctions somatiques du rachis thoracique supérieur dans le groupe des violoncellistes contre 40% dans le groupe témoin), et des structures qui s’y insèrent, dont le diaphragme thoracique (pourcentage de dysfonctions somatiques identiques au rachis thoracique).
Il a été noté, lors de l’observation, que la plupart des violoncellistes jouent en ne prenant pas en compte l’importance de la respiration. Lors des passages difficiles, ils jouent en apnée. Voilà qui entraine, à long terme, une répercussion sur le diaphragme thoracique à type de restriction de mobilité.
4.1.5 Une relation entre le diaphragme thoracique et le diaphragme pelvien perturbée ?
D’un point de vue mécanique, il existe une relation entre le diaphragme thoracique et le diaphragme pelvien, du fait de la présence des viscères abdominaux. En effet, les mouvements du diaphragme thoracique permettent la mobilisation des viscères, et une perte de mobilité de ce dernier a des répercussions au niveau du diaphragme pelvien.
On peut également noter l’insertion du fascia transversalis qui, avec relais par le fascia iliaca constitue un lien entre diaphragme thoracique et diaphragme pelvien. Des tensions fasciales thoraciques pourront donc être responsables, à distance, de tensions fasciales pelviennes, ou inversement.
37
4.1.6 La ceinture scapulaire et le membre supérieur gauche ?
Lors des tests, nous retrouvons une tension permanente des Splénius et des muscles de la ceinture scapulaire. Elle engendre des restrictions de mobilité au niveau de cette région (prévalence de dysfonctions somatiques chez les violoncellistes de80% contre 40% chez les non violoncellistes). Et différents muscles sont à évoquer : ils mettent en relation, de part leur insertion, le rachis cervical inférieur avec le membre supérieur et le rachis thoracique supérieur. Il s’agit des muscles Trapèze, long du cou, Inter-transversaires cervicaux, Grand complexus, Petit complexus, Transversaire du cou, Splénius.
Ainsi, une dysfonction au niveau du rachis cervical inférieur entraine une tension majorée de certains de ces muscles, et des dysfonctions peuvent se développer au niveau thoracique supérieur, comme du membre supérieur, par l’intermédiaire de la scapula.
Les différents muscles qui établissent les liens entre le membre supérieur, la scapula et le rachis cervical inférieur ou thoracique supérieur sont concernés : le Romboïde (dont la terminaison se fait sur les épineuses de C7 à T4) , le Trapèze (ici le muscle Dentelé n’est pas pris en compte du fait de sa terminaison costale et de l’absence de dysfonction au niveau costal), l’Angulaire (dont la terminaison se fait sur les processus transverses des vertèbres cervicales de C1 à C5).
4.1.7 Le bras et l’avant-bras gauche, poignet et main ?
L’augmentation, d’un point de vue clinique, de la prévalence des dysfonctions somatiques au niveau du membre supérieur gauche (80% contre 40%) pourrait également s’expliquer par la présence de dysfonctions au niveau de la main ou du poignet, si sollicités (sur-sollicitation des structures musculaires du poignet et notamment des muscles Extenseur du 2ème doigt et Extenseur commun des doigts), avec relais au niveau du coude, puis de l’épaule. Ceci par l’intermédiaire des chaines musculo-fasciales.
Ainsi, au niveau de l’avant-bras gauche, la pronation prolongée, avec manque d’appui sur le manche du violoncelle, des 4ème et 5ème doigts provoque un déséquilibre du rapport entre muscles épitrochléens et muscles épicondyliens. Ce déséquilibre entraine des dysfonctions somatiques du coude, puis du bras et enfin de l’épaule.
De même, on observe, tant par l’examen de la posture que par les tests, une antériorisation de la tête humérale gauche, associée à une élévation et une rotation interne. Ceci pourrait entrainer un conflit mécanique au niveau des différents passages du plexus brachial, ou une compression des bourses séreuse, à l’origine de pathologies de la coiffe des rotateurs, avec syndrome douloureux. Cela pourrait également favoriser des dysfonctions somatiques au niveau du coude se répercutant au poignet et à la main, par relais musculo-ligamentaires, fasciales.
Enfin, des tensions des aponévroses cervicales superficielles, moyennes, profondes, des aponévroses antérieures et postérieures du tronc, des fascias transversalis et endothoraciques peuvent être à l’origine de tensions, et donc de dysfonctions somatiques au niveau de l’ensemble des régions citées précédemment par l’intermédiaire des continuités fasciales.
4.1.8 Faut-il privilégier telle ou telle zone dans la recherche d’un schéma de dysfonctions somatiques type des violoncellistes ?
C’est l’ensemble de ces différents éléments qui entrent en compte dans l’établissement de dysfonctions somatiques. Ainsi, si nous avons repéré, grâce aux tests, telle ou telle zones comme étant plus importantes d’un point de vue clinique, nous vérifions que c’est une approche globale33 qu’il s’agit d’avoir.
De même notre travail ouvre aussi au propos de la prévention34. Elle n’est probablement pas encore suffisante : aujourd’hui, et nos entretiens en attestent, les médecins et professionnels de santé rencontrent les musiciens, soit très jeunes et encore peu sujets à ces douleurs –donc peu enclins à y porter attention-, ou lorsque déjà ces troubles sont installés. Il s’agit de rechercher en commun les bonnes pratiques cliniques.
.
4.2 Présentation des biais de l’étude :
- Au terme de l’expérience, nous devons en signaler les limites :
- le nombre insuffisant de personnes testées ne nous permet pas, d’un point de vue statistique, de mettre en évidence des dysfonctions somatiques types correspondant aux violoncellistes. Ce nombre insuffisant représente une réelle limite de notre étude.
- les violoncellistes ont été testés, sans tenir compte de l’âge, du sexe, du nombre d’années de pratique, de l’intensité de la pratique, de la présence ou non d’une douleur. La population des violoncellistes intègre des étudiants et des professionnels ayant des temps de travail différents, des nombres d‘années d’étude différents, des types de musique différents.
- la population témoin a été constituée par des étudiants en ostéopathie (CEESO). Si c’est un choix dicté par des soucis de disponibilité, et d’organisation, c’est aussi un possible facteur de biais. Cette population ne peut pas être assimilée à une population « neutre ».
- les deux populations testées ne sont pas identiques en terme « d’âge ». La médiane de l’âge des violoncellistes est de 24 ans, alors que celle de la population témoin est de 20 ans.
___________
41
CONCLUSION
L’objectif de cette étude était d’observer s’il était possible de définir des dysfonctions somatiques types dans la pratique du violoncelle. Et si elles différaient en fréquence de celles que l’on retrouve dans une population de non violoncellistes.
La lecture des articles et ouvrages sélectionnés, de même l’interview des pro
fessionnels de santé auditionnés, nous ont permis, dans un premier temps, de comprendre l’importance et la caractéristique des différentes pathologies chez les violoncellistes.
Dans un second temps, les tests pratiqués ont montré que ces derniers sont plus sujets que le reste de la population à certaines de ces dysfonctions. Elles sont localisées au niveau de points clés, comme le membre supérieur gauche, et sont à l’origine de douleurs souvent difficiles à gérer pour le musicien engagé dans le cours d’une carrière.
Au regard des résultats cliniques, nous avons pu émettre des hypothèses. L’observation des postures nous a fournie de précieux enseignements confrontés aux éléments cliniquement retrouvés : la relation entre membre supérieur gauche et le rachis cervical inférieur ou rachis thoracique ; entre le rachis cervical ou thoracique et le diaphragme thoracique. Enfin, la mise en évidence que la ceinture pelvienne est impliquée dans les dysfonctions repérées.
Toutefois, toute généralisation est à proscrire. Notre étude montre combien on doit tenir compte des critères personnels, de l’histoire et des antécédents de chaque violoncelliste : morphologie (âge, sexe corpulence), bras dominant, capacités de coordination motrice, compétences instrumentale, et même, caractéristiques de l’instrument : voilà qui intervient dans la posture adoptée, et donc dans l’apparition de compensations et de dysfonctions somatiques propres à un individu donné.
Voilà qui permet aussi d’expliquer pourquoi certains musiciens sont plus sujets à des douleurs que d’autres, présentant pourtant les mêmes obligations de travail.
Alors, faut-il insister : les pathologies des violoncellistes méritent une prise en charge globale et une approche ostéopathique se justifie pleinement. Elle s’inscrit tant en terme de prévention qu’en terme de prise en charge des conséquences mécaniques liées à la pratique du violoncelle.
D’ores et déjà des professionnels, comme les ostéopathes interviewés à ce sujet et des structures de formation musicale dont le Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, en ont la préoccupation et la mettent en oeuvre. Pourtant, nous semble-t-il, il s’agit certainement d’aller plus loin encore.
Ainsi, notamment, il appartient à l’ostéopathe d’attirer l’attention de la population médicale sur la nécessité d’oeuvrer à une recherche de consensus, établi pour l’intérêt du violoncelliste.
Dans ce champ aussi, les ostéopathes ont quelque chose à apporter !
__________
43
ANNEXES
44
Annexe I : BIBLIOGRAPHIE
1.1 Références d’articles
1) Blum J. The musician's hand: aspects of music physiology and performing arts medicine. Handchirurgie, Mikrochirurgie, plastische Chirurgie : Organ der Deutschsprachigen Arbeitsgemeinschaft für Handchirurgie : Organ der Deutschsprachigen Arbeitsgemeinschaft für Mikrochirurgie der Peripheren Nerven und Gefässe : Organ der Vereinigung der Deutschen Plastischen Chirurgen.( Klinik und Poliklinik für Unfallchirurgie der Johannes-Gutenberg-Universität Mainz und Hochschule für Musik und Darstellende Kunst, Frankfurt am Main.). 2000 Sep;32(5):299-310
2) Blum J. Examination and interface with the musician. Hand clinics. (Department of Music Physiology, University of Music and Performing Arts, Frankfurt, Germany). 2003 May;19(2):223-30.
3) Brandfonbrener AG. Musculoskeletal problems of instrumental musicians. Hand Clinics (Rehabilitation Institute of Chicago, USA). 2003 May;19(2):231-9, v-vi.
4) Chamagne P. Functional dystonia in musicians: rehabilitation. Hand clinics (Centre de Rééducation du Musicien, Paris, France). 2003 May;19(2):309-16
5) Foxman I, Burgel BJ. Musician health and safety: Preventing playing-related musculoskeletal disorders. AAOHN journal : official journal of the American Association of Occupational Health Nurses. 2006 Jul;54(7):309-16.
6) Gambichler T, Boms S, Freitag M. Contact dermatitis and other skin conditions in instrumental musicians.BMC Dermatology (Dermatology Out-Patient Clinic, Oldchurch Hospital, London). 2004 Apr 16;4:3.
7) Hansen PA, Reed K.Common musculoskeletal problems in the performing artist. Physical medicine and rehabilitation clinics of North America. 2006 Nov;17(4):789-801.
8) Hoppmann RA. Instrumental musicians' hazards. Occupationnal Medicine (Piladelphia Pa). 2001 Oct-Dec;16(4):619-31, iv-v.
9) Jabusch HC, Zschucke D, Schmidt A, Schuele S, Altenmüller E. Focal dystonia in musicians: treatment strategies and long-term outcome in 144 patients. Movement disorders : official journal of the movement disorder Society. 2005 Dec;20(12):1623-6.
10) Joubrel I, Robineau S, Pétrilli S, Gallien P. Musculoskeletal disorders in instrumental musicians: epidemiological study. Annales de réadaptation et de
45
médecine physique : revue scientifique de la Société française de rééducation fonctionnelle, de réadaptation et de médicine physique. 2001 Mar;44(2):72-80
11) Lederman RJ. Neuromuscular and musculoskeletal problems in instrumental musicians. Muscle Nerve (Department of Neurology and Medical Center for Performing Artists, Cleveland Clinic Foundation). 2003 May;27(5):549-61
12) Liu S, Hayden GF. Maladies in musicians. Southern medical journal. (Department of Pediatrics, University of Virginia Health System, Charlottesville). 2002 Jul;95(7):727-34.
13) Nourissat G, Chamagne P, Dumontier C. Reasons why musicians consult hand surgeons. Revue de chirurgie orthopédique et réparatrice de l’appareil moteur. 2003 Oct;89(6):524-31
14) Palac JA, Grimshaw DN. Music education and performing arts medicine: the state of the alliance. Physical medicine and rehabilitation clinics of North America. 2006 Nov;17(4):877-91, viii
15) Prokop LL. Upper extremity orthotics in performing artists. Physical medicine and rehabilitation clinics of North America. 2006 Nov;17(4):843-52.
16) Robinson BS, Kincaid AE. Repetitive motion in perception of tactile sensation in the fingers of string players. Perceptual and motor skills. (Department of Physical Therapy, Southwest Missouri State University, USA). 2004 Dec;99(3 Pt 2):1171-83.
17) Shafer-Crane GA. Repetitive stress and strain injuries: preventive exercises for the musician. Physical medicine and rehabilitation clinics of North America.2006 Nov;17(4):827-42.
18) Schuele S, Lederman RJ. Long-term outcome of focal dystonia in string instrumentalists. Movement disorders : official journal of the movement disorder Society. 2004 Jan;19(1):43-8
19) Shoup D. An osteopathic approach to performing arts medicine. Physical medicine and rehabilitation clinics of North America. 2006 Nov;17(4):853-64, viii
20) Siemon B, Borisch N. Problems of the musculoskeletal system in amateur orchestra musicians under special consideration of the hand and wrist. Handchirurgie, Mikrochirurgie, plastische Chirurgie : Organ der Deutschsprachigen Arbeitsgemeinschaft für Handchirurgie : Organ der Deutschsprachigen Arbeitsgemeinschaft für Mikrochirurgie der Peripheren Nerven und Gefässe : Organ der Vereinigung der Deutschen Plastischen Chirurgen. 2002 Mar;34(2):89-94.
21) Storm SA. Assessing the instrumentalist interface: modifications, ergonomics and maintenance of play. Physical medicine and rehabilitation clinics of North America. 2006 Nov;17(4):893-903.
46
22) Tubiana R, Chamagne P. Occupational arm ailments in musicians. Institut français de la main, Paris. Bull Acad Natl Med. 1993 Feb;177(2):203-12; discussion 212-6.
23) Tubiana.R. Pathologie professionnelle des musiciens.2002. Ed ELSEVIER
books.google.fr/books?isbn=2842992288
24) Warrington J. Hand therapy for the musician: instrument-focused rehabilitation. Hand clinics. (The Hand Clinic, London, Angleterre). 2003 May;19(2):287-301, vii.
25) Winspur I. Advances in objective assessment of hand function and outcome assessment of the musician's hand. Hand Clinics. (The Hand Clinic, London). 2003 Aug;19(3):483-93
26) Winspur I. Special operative considerations in musicians. Hand clinics (Hand Clinic, London, Angleterre). 2003 May;19(2):247-58, vi.
1.2 Références de sites
www.maitriseorthop.com/corpusmaitri/orthopaedic/mo69_limb_disorders/index_vf.shtml
http://www.institutdelamain.com
http://www.geste-posture.fr/presentation.htm
47
Annexe II : LETTRE DE CONSENTEMENT
Monsieur,
Madame,
Etudiant en 5ème année d’ostéopathie au CEESO (Centre Européen d’Enseignement Supérieur de l’Ostéopathie), je réalise un mémoire de fin d’études sur les relations entre la pratique intensive du violoncelle et l’émergence de dysfonctions ostéopathiques douloureuses, ou non, chez certains musiciens.
Ainsi l’objectif de ce mémoire est d’essayer de répondre aux questions suivantes : En quoi la pratique du violoncelle est-elle susceptible de générer des dysfonctions ostéopathiques ? Sont-elles spécifiques ? Peut-on repérer ce qui les favorise et à l’inverse, explorer ce qui peut les prévenir ?
Bien entendu, pour ce faire, j’ai particulièrement besoin du témoignage et de l’observation de violoncellistes, qu’ils soient professionnels ou en formation. J’interrogerai aussi des professionnels de santé impliqués auprès de ces musiciens (Kinésithérapeutes, Luthiers).
C’est pourquoi je me permets de vous solliciter afin que vous participiez à mon travail. Celui-ci se déroulera en deux phases : d’abord je vous présenterai un questionnaire ; ensuite il vous sera proposé une courte phase de tests ostéopathiques pratiqués d’une façon non invasive sur le site du CEESO (au pied du métro Carrefour Pleyel), ou à un endroit que nous déterminerons lors d’un contact téléphonique.
C’est le sens de la lettre de consentement ci-jointe dans laquelle la démarche vous est explicitée et que je vous serai particulièrement reconnaissant de lire favorablement et de signer à mon intention.
Permettez-moi de vous remercier très sincèrement. Bien entendu, si vous connaissez d’autres violoncellistes susceptibles de participer à mon étude, n’hésitez pas à me joindre également leurs coordonnées afin que je puisse de même les contacter.
XXXX
48
LETTRE DE CONSENTEMENT :
Consentement à une participation volontaire
à un travail de recherche.
PRESENTATION DU PROJET :
Etudiant en 5ème année d’ostéopathie au CEESO (Centre Européen d’Enseignement Supérieur de l’Ostéopathie), je réalise un mémoire de fin d’études sur les relations entre la pratique intensive du violoncelle et l’émergence de dysfonctions ostéopathiques douloureuses chez certains musiciens.
Ainsi l’objectif de ce mémoire est d’essayer de répondre aux questions suivantes : En quoi la pratique du violoncelle est-elle susceptible de générer des dysfonctions ostéopathiques ? Sont-elles spécifiques? Peut-on repérer ce qui les favorise et à l’inverse, explorer ce qui peut les prévenir.
DESCRIPTION DU PROTOCOLE :
Je vous propose de participer à cette étude et je vous remercie d’étudier favorablement cette demande. Cette participation consistera à répondre à un questionnaire précis et à consacrer 30 minutes à un protocole de tests indolores et non invasifs. Le protocole ne sera pas suivi de traitement. Un praticien vous examinera le rachis, les membres supérieurs et inférieurs. Il notera sur une grille les dysfonctions ostéopathiques trouvées.
Les résultats du protocole de tests et de l’ensemble de l’étude pourront vous être communiqués, si vous le désirez, une fois l’étude terminée. Pour cela, indiquez votre adresse
e-mail sur le questionnaire.
Il existe cependant des critères d’exclusion pour éviter les biais statistiques. Ainsi, ont été retenus à ce titre :
- Un traitement ostéopathique au cours du dernier mois ;
- Traitement médical en cours concernant la pathologie liée à la pratique du violoncelle
CONSENTEMENT :
Si vous acceptez de participer à ce projet, (et que vous ne correspondez à aucun des critères d’exclusion), je vous remercie de signer cette lettre de consentement et de me la remettre. Je prendrai rapidement contact avec vous. La confidentialité sera assurée tout au long de cette étude. Les informations obtenues seront utilisées dans un but statistique, sans que vous puissiez être identifié de manière individuelle. La participation à cette étude est strictement volontaire et peut être interrompue à tout moment.
NOM :
PRENOM :
Coordonnées téléphoniques (pour prise de rendez-vous) :
Adresse e-mail (facultatif) :
DATE :
SIGNATURE :
49
Annexe III : FICHE INTERROGATOIRE DES VIOLONCELLISTES.
NOM :
PRENOM :
Date de l’entretien :
La confidentialité sera assurée tout au long de cette étude. Les informations obtenues seront utilisées dans un but statistique sans que vous puissiez être identifié de manière individuelle. La participation à cette étude est strictement volontaire et peut être interrompue à tout moment.
Tout d’abord, parlons …
1.- de votre pratique :
A quel âge avez-vous commencé le violoncelle ?
Combien de temps par jour avez-vous pratiqué le violoncelle ?
o entre 11ans et 18 ans.
o entre 18 et 40 ans.
o après 40 ans.
Etes-vous droitier ou gaucher ?
2.- des douleurs éventuelles que vous avez pu rencontrer pendant votre carrière :
Avez-vous déjà ressenti de douleurs liées à votre pratique instrumentale ?
Si oui :
o A quel âge ?
o Où étaient-elles localisées ?
o Quelle était la nature de la plainte :
o Depuis quand ?
50
o Comment : type ?
o facteur déclenchant ?
o facteur aggravant
o facteur diminuant ?
Cette douleur a-t-elle des conséquences sur votre pratique ?
Y-avait-il, à cette époque, une cause qui pouvait, selon vous, expliquer cette douleur ?
Quel en a été le traitement ? :
o Rien (repos).
o Consultation d’un médecin
quel diagnostic a été posé ?
Par quel type de médecin (généraliste, rhumatologue, chirurgien…) ?
Ce qui a été prescrit (traitement chirurgical, médical…)?
Résultats ?
o Consultation d’un kinésithérapeute
3.-des antécédents de cette douleur :
Avez-vous des antécédents familiaux, médicaux, traumatiques, chirurgicaux ?
_____________
51
Annexe IV: FICHIER SOAP:
S
A
R
T
Sé
0
vé
1
ri
2
té
3
Crâne et face
Cervicales
Thoraciques T1-T4
Thoraciques T5-T9
Thoraciques T10-T12
Côtes
Lombaires
Sacrum Pelvis
Pelvis Iliaque
Abdomen
Membre supérieur D
52
Annexe V : FICHIER GRAPHPAD
Membre supérieur G
Membre inférieur D
Membre inférieur G
53
Exemple pour le rachis cervical inférieur :
Cervicales inférieures :
Cervicales
Violoncellistes
Non Violoncellistes
Pas de dysfonction
4
9
Dysfonction somatique présente
11
6
Cervicales inférieures
Fisher's exact test
P value
0,1394
P value summary
ns
One- or two-sided
Two-sided
Statistically significant? (alpha<0.05)
No
Data analyzed
Violoncellistes
Non Violoncellistes
Total
Pas de dysfonction
4
9
13
Dysfonction somatique présente
11
6
17
Total
15
15
30
54
Annexe VI : TABLEAUX DE RESULTATS
VI.1 Cervicales
Cervicales inférieures
0
5
10
15
Violoncellistes
Non Violoncellistes
Pas de Dysfonction somatique Dysfonction somatique
Nombre de patients
p=0,1394
- Il n’y a pas de différence statistiquement significative.
- En revanche, une sur-représentation des violoncellistes dans la population
présentant des dysfonctions somatiques à ce niveau apparait nettement.
- Cette zone semble donc particulièrement vulnérable chez les violoncellistes.
Violoncellistes Non violoncellistes
Pourcentage
Pas de Dysfonction
somatique 27 60
Dysfonction
somatique 73 40
- La population qui eut été nécessaire pour avoir une différence statistiquement
significative : 38 patients dans chaque catégorie.
55
VI.2 Thoraciques T1-T4
0
5
10
15
Violoncellistes
Non Violoncellistes
Pas de Dysfonction somatique Dysfonction somaique
Nombre de patients
p=0,1394
- Il n’y a pas de différence statistiquement significative.
- En revanche, une sur-représentation des violoncellistes dans la population
présentant des dysfonctions somatiques à ce niveau apparait nettement.
- Cette zone semble donc particulièrement vulnérable chez les violoncellistes.
Violoncellistes Non violoncellistes
Pourcentage
Pas de
Dysfonction
somatique 27 60
Dysfonction
somatique 73 40
- La population qui eut été nécessaire pour avoir une différence statistiquement
significative: 38 patients dans chaque population.
56
VI.3 Pelvis/Iliaque
0
5
10
15
Violoncellistes
Non Violoncellistes
Pas de Dysfonction somatique Dysfonction somatique
Nombre de patients
p=0,1394
- Il n’y a pas de différence statistiquement significative.
- En revanche, une sur-représentation des violoncellistes dans la population
présentant des dysfonctions somatiques à ce niveau apparait nettement.
- Cette zone semble donc particulièrement vulnérable chez les violoncellistes.
Violoncellistes Non violoncellistes
Pourcentage
Pas de
dysfonction
somatique 27 60
Dysfonction
somatique 73 40
La population qui eut été nécessaire pour avoir une différence statistiquement
significative : 38 patients dans chaque catégorie.
57
VI.4 Diaphragme thoracique
0
5
10
15
Violoncelistes
Non violoncellistes
Pas de Dysfonction somatique Dysfonction somatique
Nombre de patients
p=0,1394
- Il n’y a pas de différence statistiquement significative.
- En revanche, une sur-représentation des violoncellistes dans la population
souffrant de dysfonctionnement somatique à ce niveau apparait nettement.
- Cette zone semble donc particulièrement vulnérable chez les violoncellistes.
Violoncellistes Non violoncellistes
Pourcentage
Pas de
Dysfonction
somatique 27 60
Dysfonction
somatique 73 40
- La population qui eut été nécessaire pour avoir une différence statistiquement
significative : 38 patients dans chaque population
58
VI.5 Membre supérieur gauche
0
5
10
15
Violoncellistes
Non Violoncellistes
Pas de Dysfonction somatique Dysfonction somatique
Nombre de patients
p=0,0604
- Il n’y a pas de différence statistiquement significative.
- En revanche, une sur-représentation des violoncellistes dans la population
souffrant de dysfonctionnement somatique à ce niveau apparait nettement.
- Cette zone semble donc particulièrement vulnérable chez les violoncellistes.
Violoncellistes
Non
violoncellistes
Pourcentage
Pas de
Dysfonction
somatique 20 60
Dysfonction
somatique 80 40
La population qui eut été nécessaire pour avoir une différence statistiquement
significative : 19 patients dans chaque population.
______________
59
Résumé :
Titre : Prévalence des dysfonctions somatiques chez les violoncellistes
Introduction : De nombreux violoncellistes présentent des pathologies liées à leur pratique. Elles peuvent avoir un impact sur leurs carrières. Dans la littérature scientifique, dont l’ostéopathie paraît absente, on s’aperçoit que des professionnels de santé se sont spécialisés dans leur prise en charge et ont établi des protocoles de traitement.
Objectifs : Répondre à la question suivante : est-il possible de définir des dysfonctions somatiques type dans la pratique du violoncelle ?
Matériel et Méthodes : deux populations (violoncellistes et non violoncellistes) de 15 sujets chacune ont été comparées. Ils ont entre 18 et 45 ans pour le premier groupe et entre 18 et 30 pour le second, avec une médiane de 25 ans pour les deux groupes. L’expérience comporte trois étapes : un interrogatoire succinct, une phase d’observation et une de tests (articulaires, viscéraux et crâniens). Il s’agit de rechercher la présence de dysfonctions somatiques, de les regrouper en fonction de leur sévérité (modèle « SOAP » de l’« Academy of Osteopathy ») et de les analyser statistiquement.
Résultats : il n’existe pas de différence statistiquement significative entre les deux groupes, mais des différences cliniques apparaissent pour le rachis cervical inférieur, le rachis thoracique supérieur, le membre supérieur gauche, le diaphragme thoracique et la région Pelvis/Iliaque.
Discussion-conclusion : l’ostéopathie semble avoir une place dans la prise en charge des violoncellistes, même si d’autres études seraient nécessaires pour confirmer ces différences de manière statistique.
Mots clés: pathologie chez les musiciens, osteopathic and musician, hand therapy for the musician
Abstract:
Title: Prevalence of violoncellists ‘somatic dysfunctions
Introduction: Many violoncellists present pathologies related to their practice, which can have an impact on their careers. Scientific literature on this topic, in which osteopathy appears absent, highlights that a number of health professionals have specialized in addressing these pathologies and created protocols of treatment.
Objectives: Answer to the following question: is it possible to define standard somatic dysfunctions related to cello practice?
Main outcome measures: two populations (violoncellists and not violoncellists) were compared, which were each composed of 15 individuals. Individuals in the first group were between 18 and 45 years old and between 18 and 30 years old in the second group. Median age was 25 years old for both groups. The experiment comprised three stages: a brief interrogation, a phase of observation and one of tests (articular, visceral and cranial). The purpose was to identify the existence of somatic dysfunctions, characterize dysfunctions according to their severity (model “SOAP” of the “Academy off Osteopathy”) and analyze them statistically.
Results: there is no statistically significant difference between the two groups, but there is a clinical difference as regards the lower cervical rachis, the higher thoracic rachis, the left upper limb, the thoracic diaphragm and the Pelvis/Iliaque area.
Discussion-conclusion: osteopathy could play a role in addressing typical pathologies of the violoncellists, although complementary studies are necessary to confirm differences identified between violoncellists and non-violoncellists in a statistically significant manner.
60
Key words: pathology in musicians, osteopathy and musician, hand therapy for the musician